Le mythe de la responsabilité

Ouverture à un débat

Valeur libérale par excellence, la responsabilité a le vent en poupes dans l’anarchisme – un mouvement qui dit exécrer le libéralisme.

Depuis Les Lumières toutes les écoles philosophiques occidentales chantant la responsabilité ont impliqué le libre arbitre comme concept sous-jacent. Or ce concept suppose l’absence de détermination, ce qui faisait dire à Bakounine qu’il n’était qu’un reste de la métaphysique chrétienne et kantienne et de ses impératifs catégoriques intenables.

On ne peut donc à la fois se revendiquer du matérialisme philosophique et à la fois de la responsabilité sans être pris pour un bullshiteur, pour un bonimenteur de mysticisme. La responsabilité induit les juges cherchant des coupables à punir comme l’écrivait Nietzsche dans sa tentative de déconstruction de la morale. En effet comment être « responsable » quand on ne choisit ni la société hiérarchique dans laquelle on nous a obligé de naître, quand on ne choisit ni notre corps qui n’est qu’un conglomérat de cellules, qu’un chaos de pulsions, d’émotions, de désirs, de sentiments, etc., quand on ne choisit rien de ce qui nous détermine sur les plans social et biologique ?

Ce que la responsabilité masque est qu’elle n’est qu’un des avatars du désir punitif humain et non-humain plus vieux que la civilisation elle-même – civilisation qui est synonyme de domestication – d’esclavage. Ainsi pour les anarcho-responsabilisateurs piégés par les ruses de la raison et du spiritualisme, la responsabilité n’est que la reconduction de la culpabilité religieuse sous d’autres formes. Du moins on ose le penser – peut-être à tort.

Les anti-autoritaires revendiquant encore cette valeur libérale seraient définitivement sans l’affirmer pour la punition des personnes qui ne « gouvernent » que très partiellement ou pas du tout leur organisme ?

Quelles différences avec les totalitaires de tous bords ?

Quid des esquisses « pour une morale sans obligation ni sanction » défendues par des libertaires d’autrefois ?

L’anarchisme serait cette « théorie de la liberté qui repose sur un principe totalitaire » (Tomas Ibanez) ? Une pensée s’annulant d’elle-même puisque impossible d’anéantir toute morale ?

Pour aller plus loin et ouvrir le débat

Le flic est (aussi) dans notre tête (Anne Archet)
https://flegmatique.net/2009/01/23/le-flic-est-aussi-dans-notre-tete/

Les articles sur la morale dans l’Encyclopédie Anarchiste
https://fr.theanarchistlibrary.org/library/l-encyclopedie-anarchiste-m#toc202


publié le 11 décembre 2022

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