Déjà un an ! Occupation de Lille 3

Déjà un an !
Occupation de Lille 3

Il y a un an, le 27 mars 2023, l’occupation du théâtre des Passerelles commençait.

S’inscrivant dans la continuité de la mobilisation nationale contre la réforme des retraites, elle avait pour but d’amener de la vie sur nos campus, et de permettre de créer des liens entre les personnes que l’on peut croiser dans nos facs. Une de nos revendications était la mise en place d’une note palier améliorable pour les examens de fin d’année. L’objectif était d’avoir une note minimale assurée, permettant à tous.tes les étudiant.e.s d’être certain.e.s de pouvoir valider leur semestre. Nous avions eu vent que ça avait déjà été mis en place dans d’autres universités, bien que difficilement.
Suivre les cours de manière stable était compliqué à ce moment là, vu le contexte socio-politique. Certains étudiant.e.s ne pouvaient pas se rendre à la fac, dû aux grèves de transports. Certains profs décidaient alors de faire cours en distanciel, après l’autorisation de la présidence, puis l’interdiction, puis la
re-autorisation (en vrai plus personne y comprenait rien, mais ce qui est sûr, c’est qu’au moment de cette occupation, ils avaient été interdits).
Nous n’avons pas tous.tes les mêmes accès au numérique de chez nous. Pas de wifi, pas d’ordinateur, pas d’endroit calme pour se poser et se concentrer… Il y a une multitude de facteurs qui font que nous ne sommes pas égaux pour suivre des cours en distanciel. Et encore une fois, ça ne fait que creuser les inégalités sociales et économiques qu’il y a entre les étudiant.e.s.

Nous avons donc interpellé Régis Bordet, président de l’université de Lille, et ce dernier nous a accordé deux “négociations”. Pendant celles-ci, nous avons été infantilisé.e.s, méprisé.e.s, et surtout, nous n’avons pas été écouté.e.s. Ce dernier nous a sorti tout un tas de mensonges et de propos abjectes. D’ailleurs, vous serez heureux.ses d’apprendre que pour lui, “les étudiant.e.s qui redoublent sont un poids pour leur famille”. Lorsque le sujet des notes paliers a été abordé, M. Bordet avait l’air sûr de lui, disant que ce n’était pas ce que les étudiant.e.s voulaient. Nous avons donc voulu vérifier cette information. Un sondage a été lancé, autour de nous, dans nos promos, et en 6h, nous avons récolté 3000 réponses, avec 90% de personnes favorables. Lors du deuxième entretien avec notre cher président, nous lui avons présenté les résultats, qui prouvaient qu’il avait tort. Mais pensez-vous vraiment qu’il allait revenir sur ses propos ? Ce serait mal le connaître ! Il a balayé d’un geste de la main notre demande, une fois de plus : “c’est moi le président !” (=fermez la c’est moi qui décide (je me permet de vous faire la traduction))

Combien d’étudiant.e.s ont redoublé leur année ? Combien ? Alors que la simple mise en place d’une note minimale de 10 aurait pu pallier à ça… (pallier, note palier, t’as compris le jeu de mot…bref).

Aux yeux de Régis Bordet, cette occupation n’était qu’un regroupement de vulgaires punk à chiens, étudiant.e.s à leurs heures perdues.

Mais moi je vous le dit, elle était belle cette occup. Plein de trucs ont été organisés par les occupant.e.s. Une cantine populaire a été mise en place, avec des repas à prix libre/gratuits. Parfois même, certain.e.s camarades avaient la déter de faire des crêpes pour tout le monde ! Des récup étaient également organisées, permettant aux étudiant.e.s de pouvoir, par exemple, récupérer gratuitement des protections périodiques auprès de nous. Parce que oui, les “punk à chiens” que nous sommes, en plus de passer notre temps à consommer, à faire la fête et à casser des trucs (big up à l’imaginaire qu’on se fait des anarchistes), on lutte contre la précarité étudiante (et pas que pendant cette occup’). Et à cela s’ajoutent tout un tas d’événements organisés, permettant d’amener un peu de vie sur ce campus si triste. Des ateliers, des discussions, des projections, des concerts, du théâtre, de la danse, une bibliothèque militante, un infokiosque, une friperie solidaire, une chorale…
Oui, moi j’vous le dis, elle était belle cette occup’. On était pleins d’espoir, on était solidaires, on se démenait pour nos idéaux et pour les autres.
Tenir une occup’, c’est pas de la tarte. C’était pas tout le temps la fête. C’est stressant, épuisant. On est tout le temps aux aguets, on dort mal, on prend peu de temps pour nous, on s’investit… On faisait des récup de bouffes, on écrivait, on discutait, on se relayait pour tenir, on allait en manif à côté, et on revenait crevé.e.s, après avoir été violenté.e.s par les flics… Les occupant.e.s se sont donné.e.s à fond pour tenir cette occup et la faire vivre, pendant deux semaines.

Mais tous nos efforts ont été réduits à néant, une fois de plus.

Un samedi matin, le 11 avril, une soit disante alerte à la bombe a été déclarée. Nous n’avions plus le droit d’entrer dans le bâtiment. Mais bon, après avoir discuté avec la sécu, nous nous sommes vite rendus compte que ce n’était qu’un prétexte pour nous mettre à la porte de manière lâche. Et c’est ainsi que l’occupation des Passerelles a pris fin. Mais un an plus tard, elle vit toujours à travers nous. Et même si elle s’est soldée par un refus face à nos revendications, elle n’a pas été un échec pour autant ! Des liens se sont créés pendant ces deux semaines. Des amitiés sont nées, des réseaux ont émergé, des idées se sont développées…
Et on n’oublie pas. On n’oublie pas le mépris de Régis Bordet face à nous. On oublie pas la technique perfide utilisée pour mettre fin à cette occupation.
Un an plus tard, nous sommes toujours là, toujours dtr, et toujours en colère. Ne t’en fais pas Bordet, on reviendra (bientôt ?) d’une manière ou d’une autre.

- Aedh


publié le 1er avril 2024

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