Communiqué écrit par R, militant britannique retenu en CRA et sous menace d’expulsion vers le UK

Je m’appelle R, ressortissant britannique, militant à Calais en solidarité avec les personnes exilées et impliqué dans les ouvertures de squat en février dernier. Actuellement, je suis assigné à résidence dans un CAES à 45 minutes en voiture de mon domicile. Faisant l’objet d’une OQTF, une IRTF d’un an et d’un retrait de mon titre de séjour. Je suis en « liberté » depuis lundi aprés avoir passé 3 nuits au CRA de Lesquin et avoir été retenue par la PAF de Calais pour une durée de 15 heures (on m’a transféré à Lille pour m’éloigner de mes camarades).

Les autorités m’ont ciblé parce que ça faisait 2 ans que je militais pour les droits des personnes exilées à Calais. Ils m’ont ciblé parce que nous avons ouvert un lieu ou nos situations administratives n’ont aucune importance, un lieu appartenant aux personnes exilées et épargné de la violence étatique et parce que nous avons commencé de créer des liens de solidarité entre toutes celles et ceux qui militent pour les droits des personnes exilées en France et ailleurs. L’état veut que ces personnes soient isolées, fatiguées, à la rue, sans aucune ressource juridique ; ils ne veulent pas que les personnes avec papiers leur viennent en soutien. Ils retirent donc mon titre de séjour, ils m’enferment en CRA et ils m’expulsent vers l’Angleterre. Ils n’ont pas compris que ca ne changera rien si ce n’est donner l’énergie, la motivation, et la rage aux militant.e.s a Calais et ailleurs parce que, avec ces actes répressifs, on nous dit « vos activités menacent le bon déroulement de nos politiques violentes ».

Je pense porter la parole de toutes les personnes que j’ai rencontré à l’intérieur du CRA de Lesquin quand je dis que les autorités nous traitent comme des animaux. Les policiers sont tout à fait au courant du fait qu’ils peuvent faire ce qu’ils veulent à l’intérieur sans craindre une quelconque sanction. Ils ne nous amènent pas nos affaires, ils nous laissent dormir par terre, et personne ne nous informe de l’avancée de nos démarches juridiques a l’extérieur. Lors d’une visite, j’ai commencé à raconter à une amie ce que je vivais au sein du CRA lorsqu’un policier a mis fin a la visite pour m’y empécher. Je remercie les autres détenus qui n’ont pas hésité a partager leurs nourritures, couvertures et vêtements à moi et à tous ceux qui en manquaient, et je leur souhaite profondément d’étre libéré bientôt. Mes pensées vont à mon camarade K., détenu le méme jour que moi, qui a vécu en France depuis 5 ans sans papiers, qui travaille comme coiffeur, et qui n’a jamais fait mal à personne ; son seul délit est d’exister.

L’Etat français est un Etat répressif et la (in)justice Fraçaise est complice. À Calais, les expulsions des lieux de vie, la violence policière, les contrôles au faciès, la rétention, toute une machine de violence répressive et inhumaine justifiée par la (in)justice, se passent sans aucune conséquence pour les autorités qui les ordonnent et les policiers qui les exécutent. La frontiére franco-britannique est une frontière profondément raciste, violente et injuste, un véritable terrain de jeux pour une administration et une police particulièrement sadique. II faut se rendre compte que la répression que j’ai vécue derniérement est considérée comme particulière et scandaleuse seulement parce que je suis un militant européen : les personnes exilées à Calais vivent mille fois pire et personne n’en parle.

ABOLISSONS LA POLICE. DEMOLISSONS LES FRONTIÈRES. BRÛLONS LES CRA.

Contact : calaislogementpourtoustes (@) gmail (point) com / +447539673768


publié le 7 mai 2022

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