jeudi 28 mars 2024 14:00
lieu : Tribunal de Grande Instance (TGI
adresse : 13, avenue du Peuple Belge, Lille
03 20 78 33 33

Procès : soutenons Jean-Paul, syndicaliste accusé d’apologie du terrorisme

Jean-Paul Delescaut, membre de la chefferie de la CGT locale (Union départementale du Nord), est poursuivi pour « apologie du terrorisme ». Il passera au tribunal ce 28 mars 2024 à 14h. En attendant qu’ils communiquent là-dessus, on double la direction de la CGT par l’extrême-gauche pour appeler à le soutenir.

C’est pas courant de voir un appel à soutenir un vieux syndicaliste depuis les milieux anarchistes. Une petit explication s’impose donc.

En octobre, sur ses réseaux sociaux, l’Union Départementale de la CGT réagit aux attaques du 7 octobre autour de la bande de Gaza par les forces du Hamas et leurs alliés. Ces attaques sur des villes et infrastuctures israéliennes ont fait des centaines de mort·e·s.
Le communiqué laisse un peu à désirer d’un point de vue anti-autoritaire, mais la solidarité avec la Palestine n’a rien d’étonnant venant de la gauche internationaliste française. Les phrases qui ont déplu à la sainte Préfecture sont « Les horreurs de l’occupation illégale se sont accumulées. Depuis samedi, elles reçoivent les réponses qu’elles ont provoqué ». Le contexte, non-cité, de ces phrases fait pourtant un rappel nécessaire de la politique menée par « un gouvernement fasciste affichant un racisme décomplexé ». Si c’est clair que c’est pas super correct de relativiser le meurtre massif de civils par le Hamas (à la sauce « on ne peut pas être israélien innocemment » ?), la phrase ne fait que donner une analyse des faits. Discutable, mais pas insupportable. La Préfecture semble se découvrir wokiste. Mais plutôt que d’appeler au cancel, elle fout en garde-à-vue, réprime et interdit des manifs.

Est-ce que vous condamnez, Jean-Paul ?

Les horreurs évoquées, c’est un parquement de 2 millions de personnes dans un territoire 2 fois moins grand que la Métropole de Lille, c’est des milliers de mort·e·s 2008, en 2014, des centaines de milliers de blessé·e·s entre 2008 et 2020 (source ONU), c’est la colonisation chaque année plus gourmande des terres palestiniennes, c’est le massacre de Tantura que l’État d’israël n’a jamais reconnu, c’est la Nakba qui a poussé des centaines de milliers de personnes à l’exil en 1948. Aujourd’hui, on pourrait ajouter les dizaines de milliers de mort·e·s, les centaines de milliers de blessé·e·s et les demi-douzaines de centaines de milliers de déplacements forcés depuis le 7 octobre. Est-ce que ces horreurs justifient une réponse proportionnée ? Est-ce qu’elles appellent une violence révolutionnaire ? Est-ce que le Hamas est un parti révolutionnaire ? Ce sont d’autres questions qu’on préfère se poser dans des débats ou dans la rue plutôt qu’à la barre, devant un juge qui, de toutes manières, dira « ne pas faire de politique » et une Préfecture, qui, de toutes manières, n’est qu’un tissu fasciste.

L’État français s’est montré particulièrement féroce dans la répression des mouvements pro-palestiniens au lendemain du 7 octobre. Faut dire qu’ils en ont marre. Depuis les gilets jaunes, le mouvement retraites 1, black lives matter, anti-sécurité globale, anti-pass, féministes, écolos, le mouvement retraites 2, les révoltes pour Nahel (et aujourd’hui les agriculteurs), ce sont des corps sociaux très différents qui mettent l’État en PLS quasiment sans discontinuité. Et les arabes y z’avaient déjà révolté quelques mois avant donc privons-les d’y retourner déjà. La dissuasion organisée de la mobilisation en faveur de la Palestine sert aussi au repos de nos petits keufs avant le prochain coup. Les moyens utilisés : arrestations préventives, interdictions de manifs, nasses géantes, Pascal Praud, blanc-seing à Tsahal dans les médias. Les accusations d’apologie du terrorisme sont un élément constitutif de cette répression. Si la justice valide, elle légitime toutes ces entraves à la liberté d’expression, désormais proportionnées. Et elle justifie au passage l’enfermement toujours plus long de Georges Ibrahim Abdallah (le plus vieux prisonnier politique de France, même si tmtc tous les prisonniers sont politiques).

Soutenir une personne réprimée ainsi, c’est lutter contre cette stratégie de délégitimation des mouvements sociaux qui nous touche indistinctement aujourd’hui, des inculpé·e·s du 8/12 aux « éco-terroristes » de Sainte-Soline, des syndicats aux blacks blocs. Alors, pour Jean-Paul, mais surtout contre la systématisation de l’étouffement de nos contestations, soyons nombreux·ses.

Lire cet autre texte sur la répression des mouvements pro-Palestine à Lille : https://lille.indymedia.org/spip.php?article35954&lang=fr


publié le 26 janvier 2024

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