Le méthode suivie par le sociologue Bruno Laffort a été celle des récits de vie. Il s’est ’entretenu avec 11 couples et en a retenu 7 considérés comme les plus représentatifs. Sans grille d’entretien formalisée, le travail a été fastidieux mais le résultat intéressant. C’est une une méthode qui relève de la sociologie interprétative plutôt que de la sociologie quanlitative. D’ailleurs, si on veut travailler sur les couples mixtes de la deuxième génération, l’étude statistique est compliquée par le fait que l’I.N.S.E.E. ne reconnaît pas leur existence.
La notion de couple mixte est apparue au début des années 80. C’est un couple qui provoque une réaction sociale, sauf qu’aujourd’hui un couple franco-polonais n’est plus considéré comme un couple mixte. C’est donc une notion qui évolue. De même, Bruno Laffort distingue deux faisceaux de mixité : une mixité culturelle et une mixité sociale.
Dans les années 60, les couples franco-algériens étaient formés par des hommes : des travailleurs immigrés se mariaient avec une Française. Une forte différence culturelle existait au sein de ces couples mais aussi une proximité sociale. Les difficultés de la mixité résidaient dans le problème de la langue, l’opposition entre les religions mais surtout la stigmatisation du groupe social.
Retrouve-t-on les mêmes difficultés quand on saute une génération ? Les sept récits de vie racontés dans le livre sont éclairants.
Les jeunes filles maghrébines ont rencontré des difficultés avec leur famille. Pour Dalila, son mariage a provoqué une la rupture avec sa famille. Nassera a trouvé un compromis entre sa famille et son conjoint puisque ce dernier s’est convert à l’islam durant la cérémonie de mariage...Pour Leïla, il a fallu de la patience et du temps. elle a mené pendant longtemps une double vie jusqu’à la rencontre entre sa mère et son conjoint à la maternité.
Les garçons ont rencontré des difficultés aussi. Lors du choix des prénoms des enfants notamment. Pour Ali, le choix de Sonia pour sa première fille n’avait pas posé de problèmes pour sa famille...par contre, Sabrina oui...Daniel et Nadia eux, ont pris de la distance par rapport à leur famille d’origine. La conversion de François elle, a été plus sincère que celle du conjoint de Nassera. Quant à Saïd, sa vie de couples est marquée par une grande ouverture et une grande forme de tolérance. Un enrichissement culturel à l’intérieur de couple existe dans sa vie de tous les jours.
Par rapport aux couples mixtes de la première génération, ces couples semblent rencontrer moins de difficultés. Ils n’ont plus conscience de former eux-mêmes un couple mixte dans la mesure où le contexte français est celui de la sécularisation des religions. Mais les problèmes subistent quant à la stigmatisation.