Ce témoignage, reçu par messagerie électronique, raconte bien ce à quoi sont prêtes ces démocraties qui nous sont présentées comme l’horizon indépassable de l’humanité.
Bonjour à tous,
Pour ceux qui n’étaient pas au courant, j’avais passé la semaine du 12
au 18 décembre à Copenhague. J’aimerais partager mes expériences avec
vous.
Je suis parti à titre personnel, et pendant la semaine j’ai donné un
coup de main à l’équipe presse du réseau CJA (Climate Justice Action).
C’est un réseau de groupes et d’individus de plus de 50 nationalités
différentes, qui essaie de donner une voix aux pays du Sud, qui sont
les plus touchés par le changement climatique. Les actions se fondent
sur la non-violence et sont organisées d’une manière non-hiérachique ;
toutes les décisions étant prises par consensus collectif.
Pendant le sommet, les militants sur place ont vécu une forte
répression de la part de la police. Le samedi 12, un peu moins de 1000
manifestants ont été arrêtés de manière sans distinction lors d’une
manifestation de 100 000 personnes. Ces personnes étaient menottées et
ensuite laissées par terre (il fait vraiment pas chaud à Copenhague)
sans accès à l’eau, toilettes ou support médical.
Lors d’une fête organisée par le CJA à Christiania, la police a
encerclé une tente de l’extérieur et ont jeté une bombe de gaz
lacrymogène à l’intérieur. 200 militants fuyant la tente ont été
arrêtés sans distinction.
Le nombre des ONG autorisées à entrer dans le Bella Center était
fortement réduit par les Nations-Unies. Vers la fin du sommet, ce
nombre des personnes autorisées a été réduit de l’ordre de 24,000 à
100. On se pose la question de savoir si le nombre des lobbystes
d’entreprises a été réduit de la même façon !
Le 16 décembre, le CJA a organisé une manifestation appelée "Reclaim
Power". Son but était de rentrer dans le parking des Nations-Unies à
coté du Bella Center pour tenir une assemblée des peuples. Cette
assemblée visait à donner une voix à ceux qui ont été exclus des
négociations COP15, pour qu’ils puissent proposer leurs propres
solutions. Les manifestants étaient scindés (en gros) en deux parties,
des délégués de l’intérieur du Bella Center et des militants à
l’extérieur. Le but étaient de réunir les deux groupes à l’assemblée
des peuples.
Les manifestants à l’extérieur sont arrivés à coté du Bella Center
mais ils ont été bloqués par une barrière et la police. Les
manifestants ont essayé de dépasser ces barrières en utilisant aucune
forme de violence, simplement les corps des milliers de militants. En
avançant vers la Police, cette dernière a commencé à matraquer les
militants et à envoyer du gaz au poivre dans leurs yeux. Cela a
provoqué des étouffements chez presque tous les militants.
Personnellement, j’avais du mal à respirer. Pour en ajouter, les
camionettes de la police ont commencé à reculer vers les militants
pour augmenter la pression physique. Une personne a été jetée par
terre par la police derrière ces camionnettes reculantes, heureusement
elle a été sauvée par un photographe. Le photographe a tout de suite
reçu un coup de gaz au poivre dans les yeux, lancé à seulement
quelques centimètres de son visage. Si quelqu’un était tombé par
terre, il ou elle aurait été tué écrasé par la foule.
La situation s’est heureusement calmé, et de milliers des militants
ont commencé à faire l’assemblée des peuples dans la rue.
Malheureusement, les délégués de l’intérieur étaient bloqués par la
police de leur côté et n’ont pas pu nous rejoindre. La police
n’hésitait pas à leur donner des coups de matraques aussi. Il y avait
Hugo Chavez et Evo Morales qui voulaient nous réjoindre également,
mais ils étaients enfermés à l’intérieur du Bella Center. Les délégués
qui ont quitté le Bella Center pour nous rejoindre et qui ont été
fortement réprimés par la police, ont été empêchés de retourner dans
le Bella Center.
Les ONG qui ont critiqué le processus COP15 ont été exclues du Bella
Center. Quelle belle démocratie ! Nous avons été témoins d’une vraie
attaque contre la démocratie à l’intérieur du Bella Center comme à
l’extérieur.
Les militants qui ont été attêtés ont subit de mauvaise traitements à
l’intérieur de la prison temporaire que les forces de l’ordre ont
créée pour nous accueuillir. Les militants tirés par leurs cheveux,
les coups de gaz au poivre, les cages qui ne permettent pas de
s’allonger, l’accès à l’eau à travers une paille, l’utilisation des
gazes au poivre contre des militants menottés et enfermés dans des
cages.... etc
Les militants n’étaient pas les seuls à être enfermés. Les
journalistes à l’intérieur du Bella Center n’avaient aucune liberté de
mouvement - ils ne pouvaient se déplacer qu’avec une escorte. Souvent
ils comptaient sur l’équipe presse du CJA afin de rester informés !
Les militants qui ont été assez visibles en tant que porte-paroles
pour le mouvement étaient arrêtés soit dans la rue soit directement
dans des manifestations par la police en civil. La police essaie
d’accuser ces personnes d’incitation à troubler l’ordre public, mais
la police ne comprend pas qu’ils ne sont pas des meneurs. Etant un
mouvement d’organisation complétement horizontal, ce mouvement n’a pas
d’organisateur, simplement des porte-paroles.
La semaine a Copenhague était assez intense et fatiguante. Mais elle
m’a renforcé dans l’idée qu’on ne peut pas compter sur nos politiciens
afin de régler nos problèmes de l’environnement. A nous d’agir !
N’hésitez pas à forwarder ce mail.
A bientôt, xxx
Quelques infos de plus :
Un film des manifestations fait par le journal ’The Guardian’ -
http://ow.ly/MYra
Une petition pour soutenir les militants arrétés -
http://www.petitiononline.com/Tadzio/petition.html