PLAN TOURISTIQUE au CHIAPAS

CENTRE INTEGRALEMENT PLANIFIÉ DE PALENQUE (CIP Palenque)

Objectif : Gagner de l’argent !

**Comment ?

Avec un méga-projet touristique pour la région Selva (jungle) qui englobe 6 municipalités : Catazajá, Chilón, Ocosingo, Salto de Agua, Tumbalá et Palenque.

Qu’est ce qu’il va se faire ?
8 circuits (ou couloirs) touristiques écologiques, culturels , sportifs, de luxe.
Circuit Palenque - Playa Catazajá
Circuit Palenque - Cascades d’Agua Azul - Toniná - San Cristobal de las Casas
Circuit Palenque - Bonampak - Frontera Corozal - Yaxchilán
Circuit fluvial Río Usumacinta
Circuit fluvial Río Chacamax - Usumacinta
Circuit Comitán - Selva Montes Azules
Circuit aérien Palenque - Tikal (Guatemala)
Circuit ferroviaire Pakal’na - Chitzen Itza

**Par/Pour qui ?

Les investisseurs qui sont invités à prendre part au projet sont de grandes entreprises hôtelières et de services avec suffisamment d’argent pour construire des installations de luxe ; le projet ne prévoit pas d’organiser un tourisme communautaire pour qu’en bénéficient les communautés de la zone.

Les touristes à qui est adressé ce projet sont de riches nationaux et internationaux car les hôtels prévus sont 5 étoiles. Pour donner un exemple, la chambre la moins chère dans un hôtel du circuit qui se trouvera à Agua Azul sera de 1200 pesos (76 €) et il y aura même des suites allant jusqu’à 12500 pesos (790 €) la nuit. De même, les plans d’écotourisme ainsi que de « tourisme d’aventure et/ou de sports extrêmes » ne favorisent pas la conservation du milieu et sont excessivement chers car il faut avoir le matériel adéquat pour les réaliser.

**Qui conseille le gouvernement ?

Deux consultants transnationaux, Norton Consulting Inc. et EDSA Floride, élaborent le plan de développement et ont fait l’analyse de la stratégie nécessaire pour la réalisation du méga-projet touristique.

**Que manque-t-il pour que se fasse le projet CIP Palenque ?

Entre autre :
Que le gouvernement acquiert les terrains pour le projet, qui appartiennent aux communautés de la région
Qu’il y ait une bonne communication
Que se fasse l’autoroute San Cristobal de las Casas (SCLC) – Palenque
Que s’améliore ou se refasse l’aéroport de Palenque :
- Il y a déjà Aerotúcan qui a commencé les liaisons Tuxtla - Palenque (avec des avions d’une dizaine de places)
- le 1er juillet 2010 débutera la construction du nouvel aéroport de Palenque qui entrera en service le premier semestre 2012
Que l’état protège les promoteurs et opérateurs touristiques contre le sentiment d’insécurité politique (ou soit contre ceux qui ne sont pas d’accord avec le projet), en considérant que les investissements sont de long terme (et que les entreprises ne risqueront pas leur argent si il n’y a pas de « sécurité » politique).

**Combien va couter le projet ?

L’aéroport de Palenque va couter 670 millions de pesos (342 millions de l’état du Chiapas et 328 millions de pesos du gouvernement fédéral). L’autoroute SCLC – Palenque va couter au moins 2800 millions de pesos.

Juste pour Palenque et la zone d’Agua Azul (sans compter les autres circuits touristique du CIP Palenque) l’acquisition de terrains coutera 400 millions de pesos, les infrastructures de connexion entre les deux lieux 100 millions de pesos et la construction d’hôtels ou de loges coutera autour de 875 millions de pesos.

**Quelle relation entre le Plan Touristique et ce qui se passe à Bolom Ajaw ?

Le gouvernement doit acheter les terrains de Bolom Ajaw pour bâtir un hôtel de luxe et exploiter ses cascades ; ainsi que pour faire un parc thématique avec des aires commerciales aux cascades d’Agua Azul. Mais les terres de Bolom Ajaw ont été récupérées pas les BAZ (Bases d’Appui Zapatiste) qui les protègent et les travaillent depuis 1994. Le gouvernement ne peut pas négocier avec eux parce que les zapatistes jamais ne vendront ces terres, même pour une énorme somme d’argent.
C’est pourquoi le gouvernement utilise la stratégie suivante pour obtenir les terres : que l’OPDDIC (Organisation pour la Défense des Droits Indigènes et Paysans, organisation paramilitaire) se les approprie et qu’elle les vende ensuite au gouvernement. C’est pour cela que le gouvernement a acheté les gens de l’OPDDIC avec des projets à travers leur coopérative d’Écotourisme Indigène Tzeltal des Cascades d’Agua Azul. C’est pour cela aussi que l’OPDDIC attaque constamment la population de Bolom Ajaw.
En 2007 le gouvernement de Juan Sabines (gouverneur du Chiapas) a présenté le CIP Palenque comme un plan de développement touristique pour son mandat. Cette même année ont commencé les agressions de l’OPDDIC aux BAZ de Bolom Ajaw. La dernière attaque armée de l’OPDDIC a eu lieu le 6 février 2010 (les gens de l’OPDDIC qui avaient apporté des armes à feu ont réussi à tuer un des leurs durant la fusillade).

**Quelle relation entre le Plan Touristique et ce qui se passe à San Sebastián Bachajón ?

Les adhérents de la Otra Campaña de S.S.B. administrent l’entrée des cascades d’Agua Azul. Les tentatives d’expulsions ont été nombreuses et les compañer@s sont en permanence menacés de manière directe par les éléments de la PEP (Police d’État Préventive), de la Police Ministérielle et par les personnes appartenant à l’OPDDIC (qui agissent sous le couvert de la PEP).

**Quelle relation entre le Plan touristique et ce qui se passe à Montes Azules ?

Une des routes touristiques passera par Montes Azules (circuit Comitán – Selva Montes Azules). Il y a énormément d’intérêts ici notamment pour la richesse naturelle du site, son eau et sa biodiversité. En plus du tourisme, beaucoup de ressources naturelles peuvent être extraites du sol mais tant que les villages sont ici rien de ceci ne peut se faire : c’est pour cela que l’expulsion des communautés de la zone est déjà planifiée.
Le gouvernement se sert du fait que cette zone est une réserve naturelle pour justifier les violentes expulsions comme celle du 22 janvier dernier…ce qui est certain c’est que toutes les réserves de la biosphère du Mexique sont fondées sur les territoires de peuples indigènes qui ont toujours vécu ici, et qui ont entretenu et travaillé ces terres depuis des centaines d’années. D’ailleurs plusieurs de ces peuples ont proposé que l’on fasse avec eux les plans de conservation puisqu’ils sont les gardiens de la Terre Mère.

**Quelle relation entre le plan touristique et ce qui se passe à Mitzitòn ?

Pour que le plan touristique puisse se poursuivre, il est nécessaire que se fasse l’autoroute SCLC – Palenque pour que tous les circuits soient rapides d’accès les uns des autres. Cette autoroute passerait sur les terres de la communauté de Mitzitòn (à quelques pas de la base militaire du Rancho Nuevo). Mais la communauté a décidé en assemblée qu’elle ne voulait pas que l’autoroute passe sur ses terres parce qu’elle n’y gagne rien et parce qu’on raserait ses forêts. De plus une voie rapide est une source de déchets et de dangers pour les riverains. Devant le refus de la communauté, le gouvernement se sert du groupe paramilitaire « Ejército de Dios » (qui appartient à l’église évangélique d’Alas de Águila) pour faire pression sur la communauté et la faire changer d’opinion. Ainsi, lorsqu’il y a un conflit, les médias traditionnels peuvent parler d’un problème religieux (et non à cause de l’autoroute).

**Pourquoi les médias traditionnels donnent d’autres versions des faits ?

Parce que le gouvernement les achète et se sert d’eux comme une partie de sa stratégie pour que la population ne voie pas d’un mauvais œil son plan touristique (c’est que ce plan implique beaucoup de retombées économiques pour les patrons liés a ce même gouvernement). C’est pourquoi ces médias mentent et changent les faits, faisant des agresseurs, des paramilitaires de l’OPDDIC ou de l’Ejército de Dios les victimes et des agressés les coupables.

Ils disent qu’avec le plan touristique et les projets touristiques les familles indigènes vont gagner de l’argent alors que beaucoup de communautés vont être expulsées pour réaliser ces projets et se retrouveront sans rien. Mais à écouter les informations la population croit qu’il y a beaucoup de problèmes, beaucoup de conflits, beaucoup d’insécurité dans les communautés et cela va lui paraitre normal que le gouvernement intervienne et qu’entre la police, l’AFI ou l’armée pour régler ce problème et justifier ainsi la militarisation de l’état et l’usage de la force.

Traduit à partir d’un document du centre FrayBa - www.frayba.org.mx