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La science sous pilule
envoyé le 22/03/22 par https://medor.coop/ Mots-clés  santé   contrôle social  

La science sous pilule

Enquête (CC BY-NC-ND) : Martin Pigeon

Illustrations : Baptiste Virot

Publié le 15/09/2016

Dans mon travail d’observation des lobbies européens, la science est un argument récurrent des industriels pour tenir le politique à distance, convaincre les fonctionnaires européens qu’ils partagent leur vision technique du monde, loin du «  populisme  ». Sauf que… les industriels ne défendent pas la science mais leurs produits.

À lire les arguments des lobbyistes de l’industrie, on en oublierait presque que la science n’est pas une religion révélée mais une méthode commune d’exploration du réel. En utilisant son prestige pour défendre leurs intérêts commerciaux mais en refusant de se soumettre à ses principes, les entreprises la discréditent aux yeux du public. Défendre la science est difficile quand les bénéfices et les coûts de l’innovation technique sont mal partagés, au risque de faire oublier que la connaissance peut et doit être un bien commun. Mais s’il n’est plus possible de s’accorder sur des faits, sur une énonciation au moins temporaire du vrai, comment faire société  ?

J’ai voulu rencontrer une spécialiste de l’influence d’une industrie emblématique, l’industrie pharmaceutique. Anne Chailleu est présidente du Formindep, association française de médecins et citoyens pour une formation médicale indépendante.

Martin Pigeon : L’industrie pharmaceutique met en avant ses frais de recherche, emploie des milliers de chercheurs, parle beaucoup de son expertise. Peut-on pour autant parler de science  ?

Anne Chailleu : La science repose notamment sur la reproductibilité et la réfutabilité. Or ces valeurs entrent en conflit avec une logique d’investissement industriel où l’on doit garder le contrôle du résultat de l’investissement pour en tirer un bénéfice. D’où des protocoles d’études cliniques optimisés non pour répondre de la façon la plus rigoureuse à une question d’intérêt scientifique, mais pour produire le résultat le plus positif possible, au soutien d’un intérêt commercial. Et si le résultat est malgré tout négatif, l’étude sera dans la majorité des cas non publiée, car les études sont aujourd’hui un support de communication. Ce biais de publication crée une énorme distorsion dans la connaissance actuelle sur les médicaments.

MP : L’Union européenne a tenté d’intervenir avec son règlement relatif aux essais cliniques (tests d’un médicament sur des humains avant sa commercialisation) qui prévoit la libération des données brutes des dossiers d’évaluation, et donc leur possible réanalyse. Quels étaient les arguments de l’industrie pharmaceutique contre la publication de ces données  ?

AC : D’abord un argument «  éthique  », prétendant que la publication de ces données, bien qu’anonymisées, mettrait en péril la vie privée des patients atteints de maladies rares.

L’enjeu réel est tout autre : une donnée qui ne peut être examinée ni réfutée est-elle encore scientifique  ?

Sur ce plan, l’industrie dénonce le «  parasitisme de recherche  », par lequel des chercheurs ou des concurrents risqueraient de s’appuyer sur leur travail et en tirer bénéfice. «  Des nains sur des épaules de géants  », c’est pourtant le fonctionnement normal de la recher­che scientifique  !

L’industrie dit craindre également un mésusage de ses données par des gens incompétents ou malintentionnés… Ce que craint le plus l’industrie n’est cependant pas tant les élucubrations de complotistes anti-vaccins que la réanalyse des données négatives qu’elle a obligation de fournir aux agences réglementaires mais se garde bien de publier. L’Agence européenne du médicament (EMA) se tient plutôt du côté des industriels et invoque systématiquement le «  secret commercial  ». Il faut dire que des réanalyses indépendantes des dossiers (Acomplia, Tamiflu…) d’autorisations de mise sur le marché (AMM) ont mis en lumière la médiocrité de ses évaluations.

MP : Où en est-on dans la publication des données des essais cliniques  ?

AC : Aux États-Unis, où la loi impose depuis 2008 de publier un résumé des résultats des essais dans le registre clinicaltrials.gov, elle est bafouée dans 95 % des cas. Le montant des amendes exigibles (aucune n’a jamais été imposée) se monte à plus de 25 milliards de dollars  !

Mais les chercheurs publics ne sont pas plus vertueux. C’est en partie le résultat des incitations perverses qui ont été introduites dans la recherche publique : on attend des chercheurs non qu’ils cherchent mais qu’ils trouvent, de préférence avec des retombées économiques rapides. La pression à la publication est telle qu’elle mène à des pratiques de manipulation de données. Les partenariats public-privé sont encouragés, mais s’accompagnent souvent de clauses de confidentialité.

MP : La mauvaise évaluation des médicaments serait donc seulement la conséquence des problèmes actuels de la science  ?

AC : L’évaluation des produits industriels relève de la «  science  » réglementaire. Un processus dont l’objectif est décrit dans le droit européen (directive 2001/83) : «  La sauvegarde de la santé publique  ». Il consiste à évaluer la fiabilité des preuves fournies par les industriels, et décider si les bénéfices ainsi prouvés d’un médicament valent de courir les risques qu’il pose. Il y a donc une composante scientifique, mais aussi une composante politique : ce produit sert-il l’intérêt général  ? Ce qui suppose de définir ce dernier, le rôle même du politique. Or la directive 2001/83 se poursuit : «  Toutefois, ce but doit être atteint par des moyens qui ne puissent pas freiner le développement de l’industrie pharmaceutique et les échanges de médicaments au sein de la Communauté.  »

source : https://medor.coop/magazines/medor-4-autumn-2016/rub-lobbycratie-4/?full=1#continuer-a-lire


envoyé le 22 mars 2022  par https://medor.coop/  Alerter le collectif de modération à propos de la publication de cet article. Imprimer l'article
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