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Raison de la mise en attente :
Persécutions politico-religieuses et dissolutions : comment le Macronisme a pris de l’avance sur le fascisme.

Depuis que le sympathisant de l’Action Française Darmanin a été nommé ministre de l’intérieur, il s’est employé consciencieusement à dissoudre une par une les organisations politiques qui lui déplaisaient. L‘homme au front bas incarne parfaitement cette vision binaire et imbécile de l’Etat, qui voit dans toute contestation l’expression du “séparatisme” ou de “l’islamo-gauchisme”, des concepts ineptes inventés de toute pièce par des idéologues néo-pétainistes nostalgiques des camps, des pogroms et de l’épuration.

Le républicanisme radicalisé dissout donc à tour de bras les groupes politiques qui résistent encore activement à l’autoritarisme et au néo-colonialisme ambiants :

En septembre 2021, l’Etat dissout le Collectif Contre l’Islamophobie en France (CCIF) et l’association humanitaire BarakaCity ;
En janvier 2022, l’Etat annonce la dissolution à venir du média anarchiste et antifasciste « Nantes Révoltée » ;
En février 2022, l’Etat dissout les collectifs anticoloniaux et pro-palestiniens « Comité Action Palestine », basé à Bordeaux, et « Palestine Vaincra », basé à Toulouse ;
En mars 2022, l’Etat dissout le GALE, collectif antifasciste lyonnais.

Parallèlement, pour donner le change et faire la démonstration d’une lutte faussement objective contre “les extrémismes” (terme fourre-tout qui dépolitise la radicalité politique) et alors même que l’ère Macron a tout fait pour favoriser la montée de l’extrême-droite, l’Etat a également engagé la dissolution des groupes fascistes « Génération Identitaire » (mars 2021) et « Zouaves Paris » (décembre 2021) tout en épargnant consciencieusement l’Action Française ou le GUD, ces représentations traditionnelles du fascisme de la bourgeoisie parisienne avec lesquels nombre de représentant-es de la droite néo-conservatrice entretiennent une affinité idéologique évidente. On ne va pas demander à des pétainistes de lutter contre le fascisme…

Cette offensive contre des organisations et collectifs engagés contre le racisme structurel, l’impérialisme, le colonialisme et l’autoritarisme de l’Etat (et de tous ses idiots utiles) rappelle l’anticommunisme primaire des années 1950-1970. En filigrane, la dénonciation radicale des violences policières et de l’Etat colonial israélien constituent une motivation centrale pour un Etat français qui, il n’y a pas si longtemps, faisait subir aux Algériens ce qu’Israël inflige quotidiennement et depuis plus de 70 ans aux Palestiniens. Museler celleux qui ne se privent pas d’établir ce lien historique nécessaire fait partie de la grande opération de négationnisme et de révisionnisme engagée par les post-gaullistes depuis la mort de leur général. Ces efforts s’inscrivent dans une série d’initiatives engagées par les gouvernements de Sarkozy et Macron pour réhabiliter le Maréchal Pétain, le colonialisme français et ses harkis (dont le grand-père de Darmanin faisait partie), tout en détruisant les acquis sociaux de la Résistance au nazisme…

Si Sarkozy n’avait pas une approche très différente de celle de Macron, c’est néanmoins l’intermède de 2012 à 2017 qui a libéré la voix à l’autoritarisme décomplexé du dernier quinquennat. En 2015, le gouvernement néo-libéral de Hollande – incarnée par un parti socialiste en pleine déliquescence et qui ne devait son accession à l’Elysée qu’à l’impopularité du bandit en col blanc Sarkozy – a pris temporairement le pas de la droite néo-conservatrice pour poursuivre le processus de casse sociale et de course-en-avant sécuritaire que deux décennies de politiques ultra-libérales n’avaient pas mené à terme.

Dans la suite des attaques livrées à la population par quelques fous de Dieu (qui n’ont rien à envier aux ultra-catholiques qui défilent dans les rues de Paris contre le mariage gay et l’avortement, ou pour commémorer la mort de Louis XVI), l’état d’urgence a permis aux assassins de la liberté d’assigner à résidence des centaines de personnes (754) et d’aller essuyer les bottes de leurs policiers sur le tapis de milliers de résidents et fidèles musulmans sous prétexte de perquisitions (4469) et de fermetures administratives de lieux de culte (27), dans le silence complice de la majorité. On connaît l’issue de cette opération de communication : des milliers de vies brisées et de traumatismes pour quatre malheureuses instructions antiterroristes restées sans suite.

Au cours des deux années qu’aura duré l’état d’urgence, les mesures et lois adoptées [1] ont contribué à militariser l’espace public, à faire exploser la suspicion et la xénophobie et à libérer la parole des plus ignorants et des plus réactionnaires, banalisant les discours les plus élitistes, racistes et violents.

Emmanuel Macron n’est que le produit de cette étroitesse d’esprit et du darwinisme social qui s’est redéployé depuis 2015 au sein des élites et, par ruissellement, dans la population toute entière. L’islamophobie et le discrédit agressif de toute forme de contestation, accompagnés d’une libéralisation à outrance de l’économie et de mesures répressives sans précédent, font de cette dernière décennie le règne de la violence sociale et du mépris.

Avec les crises sociales successives depuis 2018, notamment celles liées au soulèvement populaire des Gilets Jaunes et à la pandémie de Covid 19, l’Etat français s’est nourri de ces discours de violence et s’en est fait le mégaphone, poussant la société à s’y habituer, voire à y adhérer, soit par fatalisme, soit par défi : pourquoi s’embêter à rester humaniste quand tout vous pousse à devenir égoïste et méprisant, voire haineux.

Hollande (sans oublier le valet rouge-brun Manuel Valls) et Macron ont produit l’indifférence et la frustration qui font le lit du fascisme. Quand on ne croit plus en rien et qu’on a baigné dans une atmosphère de fin du monde avec un état d’urgence sanitaire généralisé, avoir à choisir entre peste et choléra devient tout à coup moins impensable. Le résultat des élections présidentielles de 2022 en est l’éloquente démonstration : l’anti-macronisme et l’antiparlementarisme de droite l’emportent sur toute considération vaguement progressiste, tandis qu’aucune espèce d’unité de la gauche d’appareil n’est en mesure de faire barrage au bulldozer de la droite. Et les résidus de ce qu’il reste des mouvements d’émancipation n’arrivent rien à faire de mieux que de s’accuser mutuellement d’être responsables de la victoire écrasante de la Réaction. Le nombrilisme jusque dans la défaite…

Pendant ce temps, des associations sont dissoutes.

Pendant ce temps, des militant-e-s progressistes et libertaires sont poursuivi-e-s et enfermé-e-s [2].

Pendant ce temps, la police ouvre le feu, étouffe et tue.

Mais le peuple vote pour plus d’autoritarisme et de violence sociale, excité par la revanche et animé par un individualisme bien dans l’ère du temps.

LE TOTALITARISME EST DEJA LA, COMBATTONS-LE PLUS QUE JAMAIS !

DISSOLUTION DE L’ETAT ET DE SES VALETS D’EXTREME DROITE !

LES MALFAITEURS, CE SONT EUX !
Notes :

[1] – Ribanbelles de lois liberticides adoptées depuis 2015 :

Loi du 22 mars 2016 relative à la prévention et à la lutte contre les incivilités les atteintes à la sécurité publique et actes terroristes dans les transports collectifs de voyageurs ;
Loi du 3 juin 2016 renforçant la lutte contre le crime organisé, le terrorisme et leur financement ;
Loi du 28 février 2017 relative à la sécurité publique ;
Loi du 30 octobre 2017 renforçant la sécurité intérieure et la lutte contre le terrorisme, dite loi SILT ;
Loi du 10 août 2020 instaurant des mesures de sûreté à l’encontre des auteurs d’infractions terroristes à l’issue de leur peine ;
Loi du 25 mai 2021 pour une sécurité globale préservant les libertés ;
Loi du 30 juillet 2021 relative à la prévention d’actes de terrorisme et au renseignement ;
Loi du 24 août 2021 confortant le respect des principes de la République ;

[2] – On pense notamment aux affaires scandaleuses et ubuesques “d’association de malfaiteurs” à l’encontre des militant-es antinucléaires de Bure, des militant-es antifascistes de Lyon, mais aussi à l’affaire dite “du 8 décembre” (2020) au cours de laquelle plusieurs militant-es ou sympathisant-es de la gauche radicale ont été accusé-es de préparer des actions violentes contre les intérêts de l’Etat. Parmi elleux, “Libre Flo”, placé à l’isolement durant de longs mois du fait d’avoir combattu précédément le fascisme islamiste de DAESH auprès des kurdes du Rojava (Syrie) : tandis que des policier-es ignorant-es et racistes se présentent en héros sans n’avoir rien fait hormis harceler et violenter des exilé-es et victimes de guerre ainsi que des enfants d’immigré-es, des militant-es libertaires qui ont mis leur vie en jeu pour combattre le fondamentalisme islamiste en première ligne sont criminalisé-es… L’ironie de notre temps…


envoyé le 15 mai 2022 Alerter le collectif de modération à propos de la publication de cet article. Imprimer l'article
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