Si nous pouvions manifester contre l’antisémitisme, nous ne pouvions pas manifester en nous réclamant politiquement de cette République-là.

Nous ne faisons aucune confiance ni en cette République-là ni en la France avec son mythe national suprémaciste pour lutter contre l’antisémitisme. Les tours de passe-passe franco-français pour sauver les meubles de « la France éternelle », selon les mots de Charles de Gaulle, ne pourront nous faire oublier que c’est la France qui a livré les Juifs et les opposants antifascistes à Hitler.

Nous ne faisons aucune confiance à la classe politique de la haine xénophobe et raciste pour lutter contre l’antisémitisme.

Précisons qu’il serait impossible pour nous de manifester derrière Mélenchon ou des partis relevant de l’islam politique, plus communément appelé « islamisme ». Tout comme il nous serait impossible de manifester derrière la partie de la gauche qui nie ou relativise les pogroms commis en Israël par le Hamas le 7 octobre 2023. Leur absence à la manifestation du 12 novembre contre l’antisémitisme semblait régler le problème mais il pourrait resurgir ultérieurement.

Sans doute, si nous avions été à Paris, nous aurions participé à la manifestation du 12 novembre contre l’antisémitisme en suivant le Golem.

Que la France ait livré les Juifs aux nazis a de quoi indigner mais ne devrait pas surprendre. Même s’il est une bonne chose que les Révolutionnaires après 1789 aient émancipé les Juifs, il n’en reste pas moins qu’ils ont conditionné leur égalité à leur disparition ou à leur silence.

Il faut tout refuser aux Juifs comme nation et accorder tout aux Juifs comme individus ; il faut qu’ils ne fassent dans l’État ni un corps politique ni un ordre ; il faut qu’ils soient individuellement citoyens. Mais, me dira-t-on, ils ne veulent pas l’être. Eh bien ! S’ils veulent ne l’être pas, qu’ils le disent, et alors, qu’on les bannisse. Il répugne qu’il y ait dans l’État une société de non-citoyens et une nation dans la nation.

• Assemblée nationale, séance du mercredi 23 décembre 1789, M. le comte de Clermont-Tonerre.

Tout comme ils ont progressivement et implicitement réduit l’universalisme à la nation française, alors qu’il aurait dû être celui des valeurs et des droits accordés à tous. Les Révolutionnaires centralistes, emmenés par l’abbé Gréoire, évêque catholique millénariste cherchant à précipiter la venue du royaume de dieu, ont confondu uniformité et universalisme, centralisme et universalisme. C’était dès-lors la nation française des Révolutionnaires centralistes qui devenait universelle avant même les valeurs et l’égalité des droits, les autres « nations intérieures » étant déclarées contrerévolutionnaires par essence ou inadaptées et tout juste bonnes à êtres éradiquées et à disparaître selon le vœux de l’abbé Grégoire, que nous considérons lui aussi comme un des précurseurs du racialisme et de « l’ethno-différentialisme » (ce qui est en effet contre-intuitif) qui est un cache-nez du racisme. La nation française telle que se la repésentaient les Révolutionnaires centralistes devait être expurgée des « particularismes » au-delà des questions religieuses. À partir de là, il n’était plus question d’échanges et d’enrichissements mutuels entre les cultures et les nations mais d’éradiquer l’Autre ou de le dominer et de l’asservir.

Le fédéralisme et la superstition parlent bas-breton ; l’émigration et la haine de la République parlent allemand ; la contre-révolution parle l’italien, et le fanatisme parle le basque. Cassons ces instruments de dommage et d’erreur.

• « Rapport du Comité de salut public sur les idiomes », Le 8 pluviôse an II (27 janvier 1794), Bertrand Barère de Vieuzac (1755-1841)

Une telle logique devait nécessairement aboutir à la défense du colonialisme dans une alliance du sabre et du goupillon, et aussi finir par aboutir à l’affaire Dreyfus et à la livraison des Juifs aux nazis. C’était la rencontre pour le pire des rois de l’Action française et de la République de Jules Michelet.

Cela-dit, les personnes qui voudraient se mobiliser et qui n’ont pas pu se rendre à la manifestation peuvent encore le faire de différentes façons et certainement beaucoup d’entre elles le font déjà ou veulent le faire.

Propositions de lectures :

• « Le mythe national » de Suzanne Citron, aux éditions de l’Atelier.
• « 700 ans de révoltes occitanes », par Gérard de Sède, aux éditions Le Papillon Rouge.
• « Au-delà des rives – Les Orients d’Occitanie », par Alem Surre-Garcia, aux éditions Dervy.
• « Le Diable en France » de Lion Feuchtwanger, aux éditions Le Livre de Poche.
• « Les bus de la honte » de Jean-Marie Dubois et Malka Marcovich, aux éditions Taillandier.
• « La falsification de l’Histoire », par Laurent Joly, aux éditions Grasset.
• « L’obscurantisme et les Lumières, Itinéraire de l’abbé Grégoire, évêque révolutionnaire », par Caroline Chopelin et Paul Chopelin, aux éditions Vendémiaire.

Vidéo de Blast : Le RN pas antisémite, vraiment ?

Source : https://www.communisme-integral.org/2023/11/note-propos-de-la-manifestation-du-12.html

Plus d’informations sur l’Organisation pour l’instauration du communisme intégral : https://www.communisme-integral.org/p/a-propos-de-nous.html